jeu 27 Juin 2024 - 19:30 -> 21:00
Discussion avec Derrick Woods-Morrow
Le Local Associatif (n°17)
Discussion avec Derrick Woods-Morrow : artiste queer africain américain à Marseille pour le Festival AOZIZ.
Cette année le Festival AOZIZ et l’Institut CALEM auront l’honneur d’accueillir en résidence, à Marseille, l’artiste internationalement reconnu, Derrick-Woods Morrow ; il participera à différents évènements du 27 juin au 4 août.
Decolonial Being in ‘Theory & Practice’ :
« [Avec vous à Marseille], je veux découvrir et faire émerger des dialogues intimes qui autrement ne pourraient pas avoir lieu en public : sur les libertés sexuelles des Noirs que les normes sociales et les autorités gouvernementales nous refusent systématiquement. Je veux naviguer dans ma propre sexualité, ma pratique et ma vie, de manière fluide, confiante et consciencieuse. Pour moi, cela implique de brouiller et de démanteler les frontières entre l’art, l’activisme social et le sexe. Mon travail naît donc de rencontres intimes avec les autres alors que nous utilisons l’art pour susciter des dialogues qui enrichissent chacun.
La sexualité joyeuse des Noirs est facile à considérer comme obscène ou hors de propos. Mais créer des œuvres d’art avec des collaborateurs, puis les partager publiquement, est une forme d’activisme. Il permet aux queer noirs de participer au repos. Les actes sexuels qu’iel implique et l’intimité émotionnelle qu’iel met en œuvre, créent de véritables espaces où nous pouvons nous ressourcer et nous épanouir. Mes collaborateurs sont plus que des sujets artistiques. Ils deviennent une famille – mes parents homosexuels. Et ma pratique laisse dans son sillage des films amateurs queer, de nouvelles traditions familiales, des artefacts et des objets de famille, qui reconnaissent des histoires non écrites, et créent les espaces que je veux que nous occupions à l’avenir.
Mon éthique queer noire façonne mon travail en tant qu’artiste, historien de la culture, éducateur et militant pour la santé sexuelle. Comme je réside maintenant dans le Rhode Island, un État qui a joué un rôle de premier plan dans la traite transatlantique des esclaves, je suis aux prises avec les histoires migratoires et radicalisées des Black Queer [Fol(x)] mondialisés. Mon tout nouveau travail vise à apporter au Rhode Island des méditations sur mes ancêtres touaregs nord-africains, des recherches archivistiques, dans tout le sud des États-Unis, et des formes multimédias de documentation, d’une communauté mondiale de Noirs aux prises avec la privation du droit de vote. Ce projet provisoirement intitulé – S.E.X Firm – prend des recherches ethnographiques et anthropologiques, sur des sites de contact colonial, et utilise ces recherches comme base pour une forme hybride de propagation de la culture noire – une colonie marron contenant des recherches contre-disciplinaires sur l’éthique sexuelle, la monnaie noire et l’art« .